Les surprises de l’ouverture du coeur et du lâcher prise

Temple bouddhiste de Balapitiya, Sri Lanka

J'ai envie de vous raconter une journée, celle d'aujourd'hui. Il n'est que 14h et j'ai déjà vécu tellement de choses que j'ai envie de vous partager comment je fonctionne quotidiennement et comment je suis remplie de gratitude pour tous les cadeaux reçus chaque jour !

Hier soir, j'ai mangé du gluten au souper et de la crème glacée en dessert. Juste ce que je ne dois pas manger pour garder mon équilibre mais, de temps en temps, craquer fait du bien au goût (mais pas au corps), et encore, c'est juste sur le moment car, ce matin, je me suis réveillée avec le moral au niveau blurp. Le niveau où, si on s'y laisse glisser, on tombe dans la mélasse victimite apitoyeuse désagréable pour tout le monde. Il n'était pas question que ma physiologie corporelle – qui ne supporte plus sucre-lait-gluten – prenne le dessus sur mon moral.

Je suis dans un petit hôtel au bord de la plage au Sri Lanka mais aucune épicerie ni resto à moins de 10-15 minutes de marche. Ce matin, j'ai donc pris mon sac et me suis mise en quête d'un petit déjeuner pour bien commencer ma journée. En marchant, je me disais "Aujourd'hui, je passe une joyeuse et magnifique journée !" tout en tassant mon moral larmoyant qui voulait s'apitoyer sur son sort.

Le sourire

Au bord du chemin, là où on arrive sur la route principale, se trouve une grande statue de Bouddha. Comme on passait vite avec le tuktuk et que le toit en est bas, je n'avais jamais vu plus haut que ses jambes. Ce matin, alors que je prenais ce chemin pour la première fois à pieds, je me suis mise devant la statue pour l'observer.

Ce fut mon premier cadeau, réponse à ma décision de passer une belle et joyeuse journée : ce Bouddha a le sourire ! Un beau sourire ! C'est très très rare de voir une statue de Bouddha souriante. Je me suis mise devant et l'ai remercié pour son beau sourire, situation en soi qui m'a fait sourire en le voyant ! Ma journée commençait bien même si mon moral était dans les chaussettes.

Un moment au temple

J'ai marché le long de la route en direction de mon but, aller rencontrer mes amis à leur hôtel un peu plus loin. Sur le chemin, je me suis acheté un petit snack et l'ai dégusté tout en marchant. Je suis arrivée devant un beau grand temple bouddhiste. J'avais le temps. Je suis entrée et ai été accueillie par le gardien du temple, un charmant et généreux monsieur du nom de Sarath qui m'a invitée à entrer.

Il préparait l'autel dans le temple, les fleurs du matin bien arrangées en une jolie présentation. Une fois cette tâche terminée, il m'a offert de chanter pour moi. Il m'a dit qu'il sentait que j'en avais besoin et que cela me ferait du bien. Les bouddhistes ne prient pas mais les chants et les incantations vont dans ce sens, juste d'une autre façon. Je me suis assise à terre à ses côtés et il a commencé à chanter. Je connais les deux premiers chants que j'ai entonnés avec lui et l'ai laissé ensuite continuer tout en méditant.

J'ai apprécié et reçu avec gratitude ce moment juste pour moi avec Sarath, le gardien du temple. C'était un deuxième beau cadeau de ma journée…

Un don vraiment gratuit

En sortant, j'ai cherché la boîte à donations. Il n'y en avait pas. C'est bien la première fois que je vois un temple sans boite à donation. Ce fut un message pour moi que, enfin, il est possible de passer un temps au temple sans avoir à sortir le portemonnaie et ça m'a fait du bien. Je me suis quand même retournée pour demander à Sarath où déposer mon petit pécule car cela me faisait plaisir de donner ce petit montant.

Il est venu vers moi, a sorti l'assiette à donations qu'il a mise sur la table et est reparti. En aucun temps, il ne m'a parlé d'argent. Après l'Inde et d'autres temples où on dirait qu'ils ne voient que ce qu'on pourrait leur donner comme sous, ça fait vraiment du bien. Sarath m'a invitée à revenir demain matin. Je pense bien retourner pour ce petit moment de recueillement bien agréable avec lui.

Souvenir de rencontres

J'ai rejoint mes amis à leur hôtel et me suis assise à leur table sur la terrasse pendant qu'ils terminait leur petit déjeuner. Le jeune serveur me regardait avec un drôle d'air parfois et est revenu plusieurs fois pour diverses raisons avant de me demander si je connais le temple de Heenatiya.

– Le temple de Thero ? lui ai-je demandé.
– Oui ! Il me semble que je vous y ai vue l'an dernier à la célébration des 1001 fleurs.
– Oui j'y étais !
– J'habite juste en face des escaliers en bas du temple.
– La maison avec les jasmins devant et l'oncle Charles ?
– Oui ! C'est mon grand-père !

Que le monde est petit ! On a bien ri. Je croisais parfois celui qui me disait l'appeler Oncle Charles alors qu'il allait chercher son journal au village et que moi, j'allais au temple. Tout petit et mince, brandissant sa canne en l'air pour me montrer le chemin où il allait, il me faisait penser à Agecanonix, doyen de la tribu d'Astérix et Obélix.

La bague

Avec mes amis, nous sommes partis en tuktuk à Ambalangoda, la petite ville à côté, pour faire quelques courses. Après les avoir aidés dans leurs achats – ils ne parlent pas bien l'anglais et avaient besoin de moi pour ça -, je suis restée seule en ville pour faire mes emplettes.

En leur présence, j'avais cherché un bijou spécial mais ne l'avait pas trouvé, alors que mon amie a trouvé le sien dans une des trois bijouteries de la rue du marché où ce sont juste des messieurs sans sourire qui sont assis derrière leur comptoir. Pas très attirant… Dans mon esprit, je cherchais une petite bijouterie avec un artisan…

Je suis allée m'acheter une jupe. En sortant du magasin, j'entends quelqu'un m'appeler. Je me retourne. C'est le proprio de l'hôtel où j'étais l'an dernier avec le groupe de femmes. C'est chez lui que j'avais passé trois semaines avant d'aller m'installer dans une famille au village. On a discuté un petit moment. C'était bien agréable car nous avions eu quelques échanges difficiles l'été passé et j'espérais le revoir pour retrouver notre belle entente, ce qui fut le cas. Je repartis le coeur joyeux. Un autre cadeau…

J'ai fait quelques achats avant d'aller m'asseoir dans un petit boui-boui que j'aime bien. L'ambiance y est bien ordinaire et c'est loin d'être le grand luxe mais j'aime le monsieur qui tient ce mini-resto caché entre deux autres échoppes sur la rue principale. Il fait un très bon thé au gingembre frais et j'aime m'y arrêter.

Le monsieur, Thilak, m'a reconnue, un an plus tard. Il se souvenait même que je viens de Suisse (et vis au Canada) ! J'ai mangé un rice & curry et bu son délicieux thé au gingembre frais qu'il broie lui-même. En payant au comptoir, nous avons discuté un peu et je lui ai alors demandé s'il connait un petit bijoutier qui aurait la bague que je cherche, la bague bouddhiste aux neuf joyaux, Naravatna. Il m'a dit oui et m'a demandé si je voulais qu'il me le présente. Bien sûr… Un autre cadeau…

Nous avons traversé la rue. Derrière le camion stationné devant, nous sommes entrés dans une jolie petite bijouterie tenue par une femme ! En fait, c'est un jeune couple qui a cette bijouterie. Le mari est l'artisan qui crée tous les bijoux à la main. L'épouse s'occupe du magasin et de l'administration. Elle a une licence universitaire en management et administration. Un bon team pour que le magasin fonctionne bien !

Le contact a été superbe et joyeux. Nous nous sommes entendus sur le modèle, la forme, la grandeur et l'installation des pierres. Ils m'ont fait un prix assez élevé. J'ai dit le mien, beaucoup plus bas. Ils ont accepté sans discuter. Je suis restée très surprise ! J'aurai ma bague demain matin, faite à la main par l'artisan, exactement ce que je voulais. Un autre beau cadeau de la journée !

Je ne vous ai pas raconté aussi tous les sourires échangés avec les gens sur la route alors que je marchais. Et mon ami chauffeur de tuktuk l'an dernier qui était à son stand en ville quand j'ai passé devant. Il m'a ramenée à l'hôtel pour le vrai prix local. Le chauffeur de mes amis leur charge souvent près du double pour certaines courses et ça m'a vraiment énervée ces derniers jours. Je déteste quand on abuse.

Finalement, je n'ai pas eu le temps de déprimer et j'ai profité pleinement de ces beaux moments. Tanpis pour le moral qui ne voulait pas suivre. Je ne m'en suis pas occupée et ai tenu mon bout. Il ne m'aurait pas et j'ai passé une belle journée.

Et vous, est-ce que vous pouvez partir le matin en évitant de penser à tout ce que vous avez à faire dans la journée, en tassant votre mental larmoyant la victimite et simplement apprécier le moment présent, ouvrir les yeux sans attentes et regarder autour de vous, avoir envie de changer de chemin et découvrir de nouvelles surprises, recevoir de nouveaux cadeaux ?!

Je vous en souhaite de merveilleux !

Avec Amour

Dominique

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