Quand j’ai eu cinq ans, ma maman, avec qui je vivais des jours heureux, juste elle et moi, s’est remariée avec un homme narcissique, manipulateur, possessif, jaloux, contrôlant et violent psychologiquement et physiquement (il battait ma mère).
Mon enfance a chaviré alors dans l’enfer et j’ai dû trouver des façons de sur-vivre pour passer à travers, tout en étant la mère de ma mère, sa confidente et son soutien moral dès toute jeune. J’ai vite compris que je ne pouvais compter que sur moi-même.
L’année suivante naissaient des jumeaux, un garçon et une fille. Je ne me suis alors plus sentie faire partie de la famille. J’étais devenue la paria, protégée juste par ma mère qui était devenue dépressive et soumise à son mari.
Première distanciation
À l’âge de 18 ans, en 1981, j’ai quitté la maison pour aller étudier à Genève, loin de la famille. C’était un profond besoin et une nécessité pour ma survie. Pour y arriver, j’avais trouvé une faculté à l’université de Genève qu’on n’avait pas à Neuchâtel, où on habitait.
Mes parents m’avaient fait comprendre que, si je voulais étudier dans un domaine dont il y avait une faculté à Neuchâtel, je n’aurais pas le droit de quitter la maison, évitant ainsi des frais supplémentaires.
Heureusement, entre-temps, mon père est décédé, me laissant rentière jusqu’à l’âge de 25 ans, en autant que je sois étudiante.
Je me suis donc inscrite en Sciences de l’éducation à Genève, dont je n’avais que faire. Ce fut mon tremplin pour pouvoir déménager à Genève. J’ai pris une année cool sans étudier, juste en étant inscrite à la faculté. Mes parents ne voulant pas que je prenne une année sabbatique, je l’ai prise d’une autre façon 🙂 .
J’ai commencé la faculté de médecine à Genève l’année suivante, sans grande conviction mais pour suivre les désirs de mes parents. J’ai fini par ME choisir au bout de trois ans en bifurquant en psychologie. Là était ma passion.
Une fois déménagée à Genève, mes parents ne pouvaient plus me faire revenir, surtout que j’assumais tous mes frais moi-même grâce à ma petite rente et mon travail d’aide-infirmière (préposée aux bénéficiaires, au Québec) à temps partiel. De toute façon, ma mère savait que je ne reviendrais jamais à la maison.
Soutien moral
Plusieurs fois par semaine, maman et moi nous parlions au téléphone où je l’écoutais, la soutenais et l’encourageais. J’ai été la psy de ma mère depuis mon adolescence.
Réciproquement, je n’ai pas eu une mère qui m’écoutait et me soutenait mais elle m’encourageait dans mes projets, sans toujours bien comprendre mes choix mais elle me faisait entièrement confiance.
Depuis toute jeune, je suppliais ma mère de quitter cet homme qui nous faisait tous vivre un enfer mais elle était dépressive et avait peur de lui, et elle n’en avait pas la force. Elle avait trouvé un 1% de plus de zone plus confortable que le 49% inconfortable qu’elle vivait et elle s’en contentait.
La décision
Quatre ans plus tard, suite à plusieurs messages et signes très clairs, j’ai décidé d’aller vivre au Québec. Un appel intérieur très fort, indiscutable, sans savoir ce que j’allais y vivre. Cette journée-là, j’ai appelé ma maman et lui ai dit :
– Maman, j’ai décidé d’aller vivre au Québec.
– Au Québec? Au Canada ? Mais pourquoi ?
– Je n’en sais rien. Un appel. Je ne peux pas t’expliquer. Je ne comprends pas tout moi-même mais je sais que c’est ce que je dois faire.
– … (silence, ma mère venait d’avoir un choc…). Tu partirais quand ?
– Le temps de faire les papiers, je pense autour de juin-juillet l’an prochain.
J’ai continué sans m’arrêter :
– Une chose que j’aimerais, cependant, avant que je quitte la Suisse, c’est que tu quittes ton mari et que tu aies déménagé dans ton appartement avant que je quitte la Suisse parce que je serai alors à 7000 km de toi et on ne pourra plus se parler au téléphone aussi souvent qu’on le fait*. Je ne veux pas être au Québec et me faire du souci pour toi. Je ne pourrai pas sauter dans l’auto et venir te voir s’il arrive quelque chose. Voilà, c’est juste ça que je voulais te dire. J’espère sincèrement que tu vas le faire pour qu’on soit bien toutes les deux et que je te sache en sécurité. C’est mon seul souhait avant de partir.
Je lui ai envoyé de gros bisous et ai raccroché avant qu’elle ne puisse discuter.
Pour une fois dans ma vie, je ME suis choisie et lui exprimant MON besoin au lieu de toujours l’écouter et la soutenir dans ce qu’elle vivait de difficile tout en lui suggérant (voire suppliant, voire me fâchant) de se séparer.
Malgré mes demandes répétées qu’elle quitte son mari, elle ne l’avait jamais fait, par insécurité.
Là, je lui mettais un ultimatum. J’étais même prête à lâcher prise, à partir quand même, même si elle ne se séparait pas de son mari violent.
Je devais suivre MON chemin, ME choisir.
Le miracle
Le lendemain matin, maman m’a appelée et m’a dit :
– C’est d’accord, je divorce et vais me chercher un appartement. Je te tiens au courant.
Mon coeur, serré par l’angoisse qu’elle refuse encore une fois de faire ce pas et que je doive supporter à distance l’insécurité dans laquelle elle était, a lâché d’un coup et j’ai enfin pu respirer mieux. J’étais tellement contente.
On était en octobre 1985. En mars 1986, on la déménageait dans son nouvel appartement alors que son mari était au travail. Il est revenu à la maison le soir et la maison était quasi vide car la plupart des objets dans lesquels on vivait appartenaient à maman.
Elle a commencé une nouvelle vie paisible et agréable, enfin… Ma demi-soeur, née de ce 2e mariage, est allée vivre avec elle et elles n’étaient ainsi pas seules.
Dès lors, on s’est écrit beaucoup de lettres, que j’ai encore, et elle m’appelait parfois pour qu’on s’entende un petit moment. Je retournais régulièrement en Suisse. Elle allait bien. Elle avait repris son métier d’infirmière qu’elle aimait tant. Elle n’avait plus besoin de moi comme une béquille morale.
C’est ainsi que j’ai commencé ma nouvelle vie au Québec, rassurée car ma mère était en sécurité et je n’avais plus besoin de la porter. J’ai enfin pu commencer à prendre soin de moi et de ma petite fille intérieure qui en avait bien besoin. Maman me demandait parfois conseil et j’avais plaisir à l’aider mais je n’étais plus son soutien moral permanent.
Nous étions très proches mais, en fait, c’était elle qui se confiait à moi. Elle ne comprenait pas ce que je vivais et je ne pouvais donc pas trouver d’oreille et d’écoute attentive et adéquate pour m’aider à vivre plus heureuse. Je ne me sentais pas comprise par elle – car elle ne faisait pas le même cheminement – et cela faisait très longtemps que je ne lui parlais plus de ce que je vivais.
Je m’étais choisie et j’avais décidé de me libérer de ce poids.
C’est ma demi-soeur qui a prit soin de notre maman jusqu’à son décès en 2002 et je lui en suis très reconnaissante. J’en ai pris soin autrement, après mon émigration, à distance.
Se choisir peut parfois être difficile car on a l’impression qu’on va faire du mal aux gens qu’on aime alors que cela peut être le contraire : se choisir peut permettre à d’autres de faire ce pas vers eux-mêmes et qu’ils/elles se choisissent alors aussi.
Ce qui compte, c’est d’oser SE choisir avant toute chose car personne ne peut vivre notre vie à notre place. Personne ne sait mieux que soi-même ce qui est bon pour Soi.
C’est ce chemin vers VOUS choisir auquel je vous invite dans mes stages. Dans la bienveillance, le non-jugement, le profond respect et la joie.
Toutes les informations à ce lien.
J’espère que tout coeur que vous aurez, vous aussi, l’élan et le courage de suivre l’appel de votre coeur, votre intuition, et VOUS CHOISIR afin d’être heureux(se).
De tout coeur,
Dominique Jeanneret
Thérapeute en intégration psychocorporelle PCI
Praticienne Méthodes PEAT
Énergéticienne, médium, canal et passeuse d’âmes
Accompagnante en psycho-spiritualité
Enseignante de méditation
Organisatrice et animatrice/guide d’évènements et voyages en développement personnel
© Texte et photos : Dominique Jeanneret – Vous pouvez reproduire ce texte dans votre site ou blog non-commercial à condition de ne rien y changer, de laisser ces dernières lignes et le lien vers ce blog https://dominiquejeanneret.net par respect pour l’auteure, que vous le preniez en entier ou juste un bout. Merci !
Image par AndPan614 de Pixabay
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* Les interurbains entre la Suisse et le Canada coûtaient très cher et internet n’existait pas alors.