Le séchoir – Comprendre des réactions réflexes

Une amie est chez moi depuis deux semaines. Elle vient de terminer sa quarantaine de retour de voyage. Durant ce temps, elle a eu la gentillesse de s’occuper de la lessive, de la laver et la suspendre sur la corde et sur le petit séchoir sur le balcon.

Nous n’avons pas tous la même façon de s’occuper de nos vêtements et elle ne les suspendait pas à ma façon pour ne pas avoir à les repasser, bien tirés et droits et la pincette là où elle ne serait ensuite le moins visible possible.

Un jour, je me suis aperçue qu’elle avait posé un tricot pas encore sec au milieu du séchoir, là où les 2 pieds se croisent, formant un A. Le dos de mon tricot sur le A, formant une pointe dans le haut du dos.

J’ai sauté, agacée, et je lui ai dit un peu sèchement de ne pas mettre les tricots ainsi, que ça les déforme et fait une marque dans le dos et de ne plus s’occuper, dorénavant, de pendre mes vêtements. Je n’en revenais pas moi-même du ton et des mots qui me sont sortis spontanément.

Elle a accueilli et acquiescé mais je savais que, pour elle, pendre le linge de cette façon n’avait pas d’importance.

Souvenirs de jeunesse

J’ai ensuite réfléchi à la raison pour laquelle j’avais réagi ainsi, encore une fois, sauf que, cette fois-ci, je me suis exprimée. Les fois précédentes, je m’étais contentée de remettre les vêtements à ma façon sur le séchoir ou j’avais laissé faire, tout simplement. J’avais alors ressenti intérieurement comme si mes vêtements avaient quelque chose de précieux pour moi et l’impression que mon amie ne les respectait pas. Je sentais une intrusion intérieure désagréable.

Je suis remontée dans le temps pour comprendre ces impressions, cet agacement. J’ai alors réalisé que, depuis toute petite, j’ai toujours fait attention à mes vêtements. Je peux les garder pendant des années avant de les jeter ou de les donner, encore en état. Ado, je « coachais » ma mère pour qu’elle suspende mes vêtements de telle façon qu’ils soient toujours bien, notamment les pantalons et leur pli, quand je ne le faisais pas moi-même. J’emploie très peu la sécheuse car elle abîme beaucoup le linge et je n’ai pas les moyens d’en acheter souvent.

J’ai toujours pris soin de mes vêtements et je les garde longtemps.

J’ai alors réalisé que, depuis l’âge de cinq ans, j’avais été habillée des vêtements de mes cousins. Mon père ne payait plus de pension alimentaire depuis que ma mère s’était remariée et elle n’avait pas de budget pour m’habiller en fille et en neuf. Elle ne voulait pas prendre de l’argent de son mari pour moi-même si elle le faisait un peu quand même. Elle ne voulait rien lui demander pour moi. Seuls mes sous-vêtements étaient achetés neufs et juste à moi. Je me souviens combien j’avais parfois honte d’aller à l’école avec ces vêtements. Je me souviens encore de ce pantalon à fond blanc avec de grandes raies vert kaki et jaune ocre verticales. L’horreur. Déjà timide et réservée, je voulais juste aller me cacher plutôt que de me montrer dans cet accoutrement.

A l’âge de 8 ans, mon oncle m’a acheté mon premier jean neuf et un sweatshirt « University ». Ce devint un rituel annuel. Je prenais très soin de ces deux vêtements qui étaient juste à moi et neufs.

Plus tard, quand j’étais ado puis jeune femme, je n’avais que très peu d’argent de poche. Quand je voulais m’acheter un vêtement, j’allais au comptoir de la Croix-Rouge ou autre friperie. Je transformais parfois des chemises pour en faire quelque chose de mettable. Je me suis aussi cousu quelques vêtements, que j’ai tous gardés longtemps. Alors, les friperies, pour moi, depuis de ce temps, ce n’est pas souvent. Je préfère payer un montant un peu plus élevé pour m’acheter des vêtements neufs.

Je pense que ma propension à prendre soin de mes vêtements vient de là. J’ai toujours fait en sorte de les garder beaux le plus longtemps possible. En voyage, j’ai découvert des trucs pour les garder en bon état malgré le fait qu’ils soient pliés.

En bref, je ne changerai pas mes habitudes mais je sais maintenant pourquoi je tiens à ce que mes vêtements soient suspendus d’une manière qui les garde beaux et en bon état !

J’en ai alors parlé à mon amie. Elle a compris ma réaction et ne m’en voulait pas de toute façon pas mais mon explication lui a permise de comprendre d’où je viens et ce que j’ai vécu.

Elle m’a alors partagé que, depuis toute petite, elle avait une tante qui lui cousait beaucoup de jolies robes et autres vêtements, qu’elle n’avait jamais manqué de neuf ni de jolies choses. Elle n’a jamais connu le manque alors que moi, j’ai imprimé très jeune que l’abondance n’était pas pour moi mais pour les autres.

Nous avons une expérience de vie à l’opposé l’une de l’autre et nous ne le savions pas. Ces moments de colocation nous permettent de grandir, de comprendre bien des choses et de se respecter encore plus. Merci la Vie et merci à mon amie !

Je serai toujours heureuse de faire un appel-découverte de 15 minutes avec vous si vous sentez que vous avez envie de cheminer avec moi pour lâcher le passé souffrant et créer l’avenir dans la paix et la joie. Juste m’écrire à bonjourdo@gmail.com.

De tout cœur
Dominique

 

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