Retrouver le bonheur d’être chez soi

Je suis rentrée au Québec le 26 novembre dernier. J’arrivais de la Suisse où la température était encore douce même si elle a frôlé le zéro une nuit. La température à Québec, par contre est sous zéro, et souvent sous -10oC, depuis mon arrivée. Le cadeau ? Le soleil. Plus il fait froid, plus le ciel est bleu et le soleil éclatant. C’est ce qui m’a fait aimer le Québec quand j’y suis arrivée, en 1986.

Je suis rentrée à la maison. Mon appartement, loué en juillet dernier, après plus de quatre ans de nomadisme, de « sans domicile fixe » (SDF), m’attendait, rempli de mes meubles, de mes affaires que je n’avais pas touchées ces dernières années. J’ai vécu avec une valise de voyage + une en Suisse et une autre au Sri Lanka avec des habits de saison que je mettais alors dans ma valise de voyage, le temps du séjour là-bas.

J’ai recréé mon cocon. Je fais l’ours. J’hiberne et ça me fait un bien immense.

Vie de SDF

Mes amis ne comprennent pas comment j’ai pu vivre ça. Comment je peux encore le vivre puisque je repars encore plusieurs mois à la fois, avec juste une valise, sauf, que, maintenant, je reviens chez moi. Contrairement à ces quatre dernières années, je reviens dans mon espace et non plus chez quelqu’un. Je me suis fait ce cadeau.

Cette situation de nomade s’est installée toute seule, sans que je le programme vraiment, en fait. J’avais décidé d’aller animer des stages en Europe puis d’aller passer l’hiver au chaud. Je n’avais pas besoin d’appartement. J’avais besoin de changer de vie, surtout. Cela faisait deux ans que je sentais que je devais quitter le village où je vivais. J’ai tout mis en entrepôt et suis partie avec ma valise et mon sac à dos. D’une année à l’autre, j’ai vécu ce rythme sans savoir où m’arrêter, où poser mes affaires.

J’ai donc passé, ces quatre dernières années, six mois d’hiver entre l’Europe, la Réunion et le Sri Lanka, et les autres six mois en colocation au Québec, jusqu’à ce que je décide de revenir m’installer à Québec l’été passé.

Retour chez soi

Avec une grande surprise, dès mon arrivée à la maison il y a deux semaines, mon coeur s’est rempli d’une joie indicible et ne se tarit pas de bonheur, celui d’être CHEZ MOI. Dans MES affaires. Vivre à MON rythme, faire ce que j’ai envie quand j’ai envie. Ça n’a pas de prix.

Je ne me rendais pas compte, vivant dans l’adaptation constante à mes hôtes depuis quatre ans, à quel point ça m’avait manqué. Je suis tellement heureuse d’avoir pris la décision de me refaire un nid à moi. Même si cela implique des dépenses supplémentaires importantes quand je suis en voyage, ce bonheur n’a pas de prix.

Je suis assise dans mon sofa. Il est 4h30 du matin. J’ai de la difficulté à revenir à l’heure du Québec et me réveille très tôt le matin. Comme je suis chez moi, je peux bouger et faire ce dont j’ai envie sans avoir peur de réveiller qui que ce soit. Je n’ai pas peur de déranger l’ordre établi de la maisonnée. Je n’ai plus besoin de m’adapter à qui que ce soit. Non pas que ce soit difficile pour moi de m’adapter mais vivre SA vie est nécessaire pour l’équilibre intérieur. Je m’étais d’ailleurs surprise à me dire, cette dernière année, que je ne vivais pas MA vie quand j’étais accueillie chez des gens, mais que je vivais dans LEUR vie et ça me devenait de plus en plus difficile. Je n’arrivais plus à me retrouver vraiment même si j’ai apprécié avec une profonde gratitude chaque séjour chez mes hôtes et je continuerai à partager de beaux moments avec eux avec grand plaisir.

A cause d’une fausse croyance

J’ai vécu seule durant des années. Par choix, d’une part, et surtout parce qu’on m’avait fait croire, et je l’avais cru profondément, que je n’étais pas « vivable » avec du monde à cause de mon caractère. J’avais alors environ 18 ou vingt ans.

C’est vrai que, quand j’étais jeune, j’étais « pas du monde », comme on dit au Québec. Franche, directe, parfois blessante, je voulais tout contrôler, je voulais être parfaite. En fait, ma volonté profonde était que je voulais rendre tout le monde heureux mais je le faisais mal, en m’immisçant dans leur vie de la mauvaise façon. Je voulais aimer pour être aimée mais je n’avais pas appris à aimer, encore moins à être aimée, et j’aimais mal. Dépendance affective. Je faisais fuir les gens à vouloir les aimer et « tout faire » pour qu’ils soient heureux. Ils y arrivaient et sortaient de ma vie alors souvent et je restais malheureuse. Que de souffrances…

Ça m’a pris plus de trente ans à apprendre à aimer et être aimée, et je suis toujours en apprentissage, mais j’ai tellement lâché de choses et guéri de blessures que la vie m’apporte aujourd’hui de plus en plus de bonheur.

Tout dernièrement, j’ai passé deux jours chez une bonne amie de secondaire en Suisse, presque une soeur. On a été à l’école ensemble durant une session, avant de passer au lycée mais chacune dans une classe différente. On s’est alors perdues de vue en se parlant une fois tous les dix ans peut-être. Jusqu’au décès de sa soeur en janvier dernier, qui était ensuite devenue mon amie la plus proche.

Quand je suis partie de chez mon amie d’école, il y a deux semaines, on s’est fait un gros hug. Mon coeur a dit alors  » Je suis contente de t’avoir retrouvée » et son coeur a répondu « Moi aussi ». Mon coeur a été touché aux larmes. J’avais l’impression que je venais de réouvrir la porte du retour à la maison, cette maison dont je m’étais éloignée en immigrant au Canada loin des chicanes familiales, pour me trouver, pour trouver qui j’étais vraiment, en 1986.

Je me remercie chaque jour d’avoir un jour pris la décision d’être heureuse avec moi-même et, du coup, avec les autres.

C’est ce que j’ai pu réaliser en vivant nomade et chez des gens durant ces quatre dernières années. Moi qui vivait seule depuis longtemps, avec cette fausse croyance que je n’étais pas « vivable » avec du monde (sauf avec un conjoint), je me suis surprise par ma facilité à socialiser, à apprécier être avec du monde, à m’adapter facilement, à accueillir les cadeaux, à tout faire pour aider, donner et apprécier mes hôtes et tout ce qu’ils m’offraient si généreusement. Après avoir donné sans compter durant tant d’années, c’était à mon tour de recevoir. J’ai appris à recevoir et suis toujours remplie d’une profonde gratitude pour toutes ces personnes qui m’ont accueillie avec tant de gentillesse.

J’ai aussi réalisé combien j’avais changé, combien j’avais guéri de traumas et qu’il était temps que je lâche cette croyance dans laquelle je m’étais enfermée, qui m’avait faire croire que je ne pouvais être/vivre que seule.

Cette vie de nomade m’a montré que ce n’était qu’une croyance, qu’elle n’était pas vraie et que je suis tout à fait, et agréablement, « vivable » socialement. J’ai sûrement encore quelques défauts mais je fais de mon mieux 😉 .

Une belle relation

J’irais même plus loin : je crois aujourd’hui que je suis « vivable » en couple aussi. Ça peut paraître bizarre de vous dire ça ainsi mais c’est une réalité pour moi. Comme je ne savais pas aimer ni être aimée, j’aimais mal et je me suis fait très mal dans mes relations car j’étais une grande dépendante affective.

Cela fait plusieurs années que je suis célibataire, par choix et sans aucun manque. J’avais décidé, après la fin de ma dernière relation, que le prochain serait « le bon » ou qu’il n’y en aurait pas sinon. J’ai alors pris ces années pour prendre soin de ma relation avec moi-même.

Je ne sais pas si je suis guérie de cette dépendance. Je ne pense pas qu’on guérisse complètement, sauf que j’en suis beaucoup plus consciente et, surtout, j’ai guéri tant de choses en moi que cela va sûrement se refléter positivement dans ma prochaine relation. Ce qui est sûr, c’est que j’ai décidé d’ouvrir mon coeur à un bel amoureux et une belle relation amoureuse en 2020.

L’esprit de Noël

C’est le temps des Fêtes. Les cadeaux, les lumières, la magie. A ma grande surprise, je me sens en plein dedans alors que je ne le fêterai même pas puisque je suis sans famille au Québec. Pour moi, Noël est une fête de famille et je préfère être seule ou entre amis seuls aussi.

Je n’ai pas décoré mon chez moi mais mon coeur vibre de l’esprit des Fêtes. Je ferai juste un ou deux cadeaux et je n’en recevrai probablement pas mais… Je ne peux l’expliquer. Cette année, l’esprit des Fêtes me rend profondément heureuse, ce que je ne me souviens pas avoir vécu depuis… très très longtemps.

Ce doit être mon appartement. Il est juste magique ;-))

Et puis, un bon chocolat chaud avec des guimauves en bonne compagnie et le temps des Fêtes sera juste merveilleux ! Vous venez en prendre un avec moi ?!

De tout coeur

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Dominique Jeanneret

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2 thoughts on “Retrouver le bonheur d’être chez soi

  1. Bonjour Dominique,
    Je te comprends tellement. Ayant été pendant 2 ans sans domicile fixe, j’ai finalement un chez-moi. Ça me demande beaucoup de sacrifices au niveau monétaire mais, après avoir atterri au fond du baril, je vais de mieux en mieux. Je crois fermement que le meilleur est à venir pour moi.