Je sais parler, comme vous et moi, bien sûr, mais j’ai toujours préféré l’écriture à la parole pour communiquer. Je savais que c’était parce que je trouvais ça moins « dangereux» mais je ne savais pas d’où me venait cette peur profonde.
Écrire était moins dangereux pour moi parce que, par l’écriture, on n’a pas à recevoir la réponse en présentiel ni à éventuellement devoir gérer les émotions de l’autre personne qui vont avec. On n’a pas non plus à subir des critiques directes. On a donc le temps de les accueillir et de les digérer quand elles arrivent. Écrire permet de garder une distance avec l’autre et donne un temps pour réagir adéquatement à sa réponse.
Ces temps-ci, je comprends et guéris plusieurs croyances et blessures profondes qui m’ont empêchée d’avancer dans ma vie et de réussir à mener à bien des projets que j’aurais voulu réaliser. Ils tombaient à l’eau sans crier gare et sans possibilité de continuer du tout et ce, sans que je ne comprenne rien. C’est une des histoires de ma vie.
Quand l’expression est brimée
L’autre jour, en consultation avec une thérapeute, j’ai réalisé dans mes cellules (parce que je le savais déjà, dans ma tête) que, lorsque j’étais jeune et que je voulais m’exprimer, je n’étais jamais entendue ni écoutée. Je n’avais pas le droit de donner mon avis. Le beau-père me clouait le caquet automatiquement, parfois ma mère aussi, car la seule façon que j’avais trouvée pour prendre une milliplace dans la famille était de pleurer et crier quand je n’en pouvais plus car, sinon, je n’existais pas et on ne prenait pas en compte mes envies et mon avis.
Évidemment, la réaction de mes parents était à la mesure de mon expressivité et je l’ai compris plus tard mais on ne m’avait jamais appris à m’exprimer avec la parole de façon adéquate.
Cependant, c’est lors de ces accès de violence de la part de mon beau-père principalement que j’ai imprimé inconsciemment dans mon esprit que je n’avais pas le droit de m’exprimer, que je n’étais par digne d’être écoutée ni de réussir quoi que ce soit, que j’étais transparente et, donc, insignifiante. C’est ainsi que j’ai vécu toute ma vie.
Pourtant, au fond de moi, j’ai toujours su que j’ai de la valeur et de belles choses à partager, comme tout le monde.
Un refuge
Je me suis donc réfugiée dans les livres puis dans l’écriture. Quand il a s’agit de monter sur scène avec mes collègues de classe à la fin de mon lycée pour faire un show devant les parents, j’ai préféré être la photographe, incapable de monter sur scène. Écrire et prendre des photos étaient déjà devenus des passions que j’ai toujours.
Quand j’ai commencé à bloguer, en 2005, je l’ai fait anonymement durant 15 mois. Le temps de réaliser que les retours étaient beaux, positifs, encourageants. Bloguer ainsi a été salutaire et guérissant pour moi et j’ai ensuite continué à écrire à coeur et visage ouverts.
Se mettre en avant et oser se montrer
Quand la technologie a passé aux vidéos plutôt qu’aux articles écrits, cela a été tout un tournant pour moi. Je l’ai pris, tout doucement.
Quand j’ai envie de partager, je suis toujours en train de me demander ce que je pourrais bien dire en vidéo alors que, par l’écriture, mes doigts pianotent sans peine pour exprimer ce que mon âme veut raconter. C’est un apprentissage que de passer de l’écrit à l’oral !
C’est ainsi que j’ai animé une cinquantaine de méditations par Zoom durant la covid, qui sont en ligne et disponibles gratuitement ici.
Cette année, j’ai fait un pas en avant en animant une émission de radio à Radio Versastyle et j’adore ça ! J’ai un co-animateur super et encourageant et cela m’aide à exprimer tout ce que mon coeur a envie de partager !
Les émissions sont en replay dans ma chaîne Youtube disponibles en podcasts et vidéos. La saison reprend le jeudi 17 août à 11h00 (Québec = 17h Paris) où j’animerai une nouvelle chronique hebdomadaire « Croire en la Vie ».
La cause du mutisme obligé
Ceci dit, certaines situations de mon enfance et de ma jeunesse me sont apparues clairement à l’esprit ces jours-ci et j’ai compris où et pourquoi j’avais imprimé très clairement dans mon esprit que je devais me taire.
Comme je n’avais pas appris à parler gentiment, je parlais de façon abrupte, arrogante, agressive et souvent blessante. En fait, je ne savais pas parler sans faire de mal au point que les gens me clouent le bec ou me rejettent et j’en étais profondément malheureuse car je ne savais pas parler autrement.
Ce n’est que bien plus tard, une fois arrivée au Québec à l’âge de 24 ans, que j’ai commencé à faire de la thérapie et à changer ma façon de parler. La douceur et la gentillesse qui sont en moi ont enfin pu apparaître et devenir vivantes.
Il m’est cependant toujours resté cette peur de la critique et des conflits potentiels car l’enfant en moi avait assisté à des scènes de violence quand ma mère osait s’exprimer ou que je voulais donner mon avis. Le beau-père n’acceptait pas qu’on lui réponde.
J’ai tout fait, depuis toujours, pour ne pas attirer de situations négatives. L’écriture me l’a permis. Les vidéos enregistrées me le permettent maintenant aussi puisque ce n’est pas en direct 😉
Surtout, j’ai appris que c’est notre énergie, nos pensées, notre attitude et ce qu’on dégage, qui attire le positif ou le négatif. Que ce soit par écrit ou par oral.
Quand on envoie de l’amour, on reçoit de l’amour et c’est ce que je veux vivre chaque jour, pas vous ?
De tout coeur
Dominique Jeanneret
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C’est l’histoire de ma vie…