La médecine de la Tortue

Je reviens d’animer un stage que j’aime profondément, La Grande Traversée. Ce stage est né en Bretagne il y a cinq ou six ans alors que j’étais, encore une fois, déçue de ne pas avoir eu le temps de passer tout ce que j’aurais voulu à un groupe de week-end. J’ai alors demandé en Haut si je pourrais faire autrement. La réponse fut d’animer des stages de cinq jours. J’ai trouvé ça « gonflé » mais je sentais cette réponse profondément juste.

Même si mes peurs de ne pas remplir ce long stage étaient présentes – le prix étant beaucoup plus élevé -, j’ai osé l’année suivante et il s’est rempli au-delà de mes espérances. Dès lors, ces Grandes Traversées se remplissent habituellement facilement alors que mes stages de un ou deux jours ne se remplissent quasiment pas ou très peu. C’est ainsi que j’en ai animées en France, à La Réunion, au Maroc et au Québec.

Aucune Grande Traversée n’est pareille. Même si j’ai une ligne et des étapes que je suis, il arrive toujours, suivant l’énergie du groupe, des changements, des ajouts, des améliorations. L’énergie de chaque groupe est différente et nécessite des ajustements. C’est ce qui fait que j’aime tant animer des stages car j’aime ne jamais faire pareil, relever de nouveaux défis et suivre mes intuitions.

La peinture

La Tortue de Fab

Il y a une vingtaine d’années, j’accompagnais parfois un ami, constructeur de tipis, dans des expositions, salons et évènements où je l’aidais à monter les tipis. Je l’aidais aussi parfois à coudre les « liners », les doublures intérieures.

Lors de ces évènements, une amie métis artisane était souvent là aussi, Fabienne Gingras. Elle arriva un jour avec une peinture qui m’a accrochée au point que je l’ai achetée même si j’avais alors peu de moyens. Cette peinture représente une tortue.

Je ne savais pas pourquoi j’étais attirée ainsi – car la Tortue n’était pas une de mes compagnes de médecine – mais je savais que cette peinture était pour moi. C’est le seul cadre qui ne m’a jamais quittée et qui s’est toujours retrouvé sur un mur dans mes logis.

Le voyage chamanique

Quand j’ai commencé à animer des stages, en 2014, puis les Grandes Traversées depuis 2016, j’emmenais mon tambour avec moi. J’en jouais pour emmener les participants en voyages chamaniques, notamment pour aller découvrir leur animal totem, l’animal dont la médecine nous accompagne.

J’ai oublié mes tambours pour cette Grande Traversée. Heureusement, une participante en avait un car les participantes ont demandé à trouver leur animal totem. En fait, j’oublie toujours qu’au Québec, les non-autochtones ne sont pas plus proches des Autochtones que les Européens ne le sont et je ne pense pas toujours à leur en parler ni à animer des rituels amérindiens.

Ma nouvelle compagne de route

C’est ainsi que j’ai joué du tambour et emmené le groupe dans un voyage chamanique pour aller à la rencontre de son animal-totem. D’habitude, je ne fais pas le voyage moi-même, concentrée sur mon tambour et sur l’énergie du groupe. Cette fois-ci, mon âme m’y a amenée pour me montrer un nouveau compagnon : la Tortue, en plus de deux autres acolytes que j’ai depuis des années.

Notre animal (ou nos animaux, si on en a plusieurs) est avec nous pendant un certain temps. Mois, années et puis, un jour, il décide éventuellement de s’en aller, peut être alors remplacé par un autre. C’est ainsi que la Tortue est venue prendre la place d’un autre animal que j’avais depuis des années. Durant le voyage chamanique, et jusqu’à ce que j’écrive cet article, je ne me souvenais même plus de ce compagnon qui a décidé de laisser sa place à la Tortue.

J’ai été profondément touchée par ce cadeau, la Tortue étant, pour les Amérindiens, celle qui porte la Terre :

Le récit de la création du monde chez les Hurons1 fait une place importante à la tortue. La légende stipule qu’avant la vie, toutes les créatures vivantes résidaient au-dessus des nuages, au milieu des lacs, des rivières et des forêts. Quand un vieil homme atteint d’une maladie dut se faire soigner par un breuvage à base d’écorce, sa fille se porta volontaire pour aller en forêt accompagnée de son chien. En arrivant à la forêt, un ours la flaira et tenta de l’attraper pour la manger.

Il lui sauta dessus mais tomba dans un trou et entraîna le chien avec lui. La fille tenta de sauver son chien en se précipitant vers ce trou. Durant la chute, elle s’agrippa à un arbre pour se retenir mais l’effet ne fut pas des meilleurs. Au lieu de remonter, elle descendit en emportant avec elle tout le paysage qui l’entourait. Elle tomba et atterrit directement sur la carapace d’une tortue. Celle-ci, toute étonnée d’avoir une passagère clandestine sur le dos, demanda au castor, à la loutre et au crapaud d’apporter de la terre sur sa carapace pour que la femme s’y sente à l’aise.

Ainsi, grâce aux animaux, la Terre prit de l’expansion sur le dos de cette tortue et devint la Terre telle qu’on la connait. Comme elle porte l’univers sur son dos, c’est pourquoi la tortue est un symbole important. Elle représente la Terre-Mère sacrée, spécialement pour les Hurons mais également pour d’autres peuples iroquoiens. Source

J’ai aussi reçu comme message que je suis arrivée pleinement à ma médecine, à ma sagesse, à moi-même, incarnée et enracinée, et que je suis maintenant prête à transmettre. Que je peux aussi lui demander son aide et que l’abondance arrivera.

En lisant ensuite d’autres significations, j’ai vu que je suis exactement là :

La Tortue, en animal totem, est comme immortelle, aussi elle sait prendre le temps de vivre, le temps de murir sa destinée. Sa magie consiste peut-être à accepter pleinement son incarnation sur la Terre-Mère qu’elle symbolise si bien. Acceptant humblement son incarnation dans la matière, elle est fondamentalement en paix et elle peut décider de Vivre en pleine harmonie avec Tout et tous.

La tortue sait profiter pleinement du voyage. Nous pourrions croire qu’elle le fait avec patience mais ce qui l’anime est bien au-delà de la patience ! La Tortue est animée de Conscience. Elle se laisse porter par la magie sacrée de la vie. Elle n’a pas besoin de savoir, elle a juste à vivre « ici et maintenant » dans « l’instant présent » là où tout l’univers vibre à l’unisson. Harmonieusement au diapason de l’univers, la tortue joue sa partition avec simplicité, humilité, sagesse et présence.

La Tortue, protégée d’un monde fou par sa carapace, ressent chaque vibration de la Vie avec laquelle elle est en communion parfaite. Son immense sagesse, son immense paix et donc son Unité imperturbable lui apportent longévité. La Tortue devient alors comme une vielle Grand-Mère, au même titre que la Terre-Mère, emplie d’enseignements et de guérisons devenus plus que nécessaires. Source

Pas à pas, lentement mais sûrement, j’avance vers là où je dois aller et je sais que bientôt, de beaux projets prendront forme grâce à la médecine de la Tortue et de tous ses amis. J’ai hâte de vous en parler !

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De tout coeur

© Dominique Jeanneret

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  1. Hurons (-Wendats) : communauté amérindienne de la famille des Iroquoiens résidant dans la réserve indienne de Wendake près de la ville de Québec, Canada. C’est aussi là que je réside depuis 2003.

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One thought on “La médecine de la Tortue

  1. Bonjour, mon animal totem est également la tortue , après avoir rencontré un nautile très joueur ,qui m’a envoyé vers elle lors de voyage chamanique. Je ne me défini pas comme chamane,je me sais medium, j’ai des visions depuis très jeune. J’ai l’impression d’avoir atteint la médecine de la tortue je voudrais aider les autres . Je ne sais pas trop comment je peux aider . Cordialement
    Marilyne

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