Choisit-on son lieu de vie ?

Coucher de soleil à Varkala. Le soleil me regarde… (Photo : Dominique Jeanneret)

Voici trois semaines que je suis à Varkala, dans le Kerala au sud de l’Inde. J’ai à peine eu le temps de visiter un peu la région. Je suis en cure ayurvédique de deux semaines et je ne peux donc pas partir 2-3 jours par-ci par-là. Je profite de l’endroit, fais de belles rencontres et ai même ouvert une petite boutique en ligne de produits faits à la main ici pour aider des artisans.

J’ai toujours eu le rêve de me mettre à retoucher le monde de « la guenille », comme on dit au Québec, les tissus, les couleurs. J’adore. De 1990 à 1996, j’ai confectionné des vêtements d’enfants que je vendais dans mes boutiques à Montréal et dans les Laurentides. Ça s’appelait Noisette et Chocolat.

En arrivant à Varkala, j’ai remarqué cet artisan, un couturier, qui vend des produits différents. On a sympathisé. J’ai ouvert la boutique en ligne et on n’arrive pas à suivre tellement les draps se vendent vite ! Je ne pensais pas que ça aurait ainsi du succès mais je suis heureuse. Cela correspond à ma « nouvelle vie ».

Je suis venue ici pour hiberner, me reposer, me retirer de la vie courante pour réaligner mes rêves et voilà qu’ils se réalisent tout seuls. C’est comme ça que ça se passe, en fait. Quand on ne s’y attend pas. Sauf que j’ai un « problème » : je ne suis pas censée revenir au Kerala. Je venais juste passer un mois de vacances. Normalement, je vends un lot de produits en ligne, j’envoie aux clients et puis je m’en vais. C’est ce qui est prévu… mais qui semble vouloir se profiler autrement.

Suivre les signes mais avant tout ses feelings

Depuis deux jours, mon ami l’artisan me dit que je dois venir m’installer et passer quelques mois l’hiver ici, une jolie maison louée, des affaires avec lui, de beaux projets. Je lui réponds que notre collaboration est censée s’arrêter le 17 janvier prochain, jour où je pars pour le Sri Lanka. Il répète, insiste, on a du plaisir à travailler ensemble. Il voit aussi bien sûr les belles affaires qu’on peut faire ensemble.

En sortant de chez lui, je passe devant les autres échoppes. Je secoue la main et dis « Hello ! ». Les vendeurs répondent à mon geste avec un sourire en répondant « Hello ! Good morning ! How are you ? ». On commence à se connaître car je passe devant chez eux plusieurs fois par jour. La vie de quartier commence à se créer et j’aime beaucoup. Il s’était passé la même chose l’hiver dernier au village au Sri Lanka. L’impression de devenir peu à peu membre de la communauté. Cela m’a manqué quand j’ai quitté le pays. Spontanément, c’est en train de se recréer ici et j’aime.

Mamma Champoos, le resto en question

Comme à chaque midi, je vais aujourd’hui au resto qui est aussi le siège social du Dr. ayurvédique ainsi que du proprio de la bâtisse de la clinique, du resto en question et de la guesthouse où je suis. Le Dr. me présente une suédoise qui vit six mois par an à Varkala et y fait de jolies choses dans le domaine de la santé holistique. On se met à jaser tous les quatre. J’annonce alors un autre de mes projets, une guesthouse/clinique pour personnes qui veulent venir se ressourcer, recevoir des soins, faire des consultations et/ou des ateliers en coaching et thérapies, etc. Que j’ai besoin d’une maison comme ci, etc.

Le Dr. me dit qu’il sait où est cette maison. Le proprio, retraité du ministère de l’immigration, m’aime bien et me pousse à venir m’installer. Il me répète ça aussi depuis quelques jours, qu’il aimerait tellement que je sois avec eux. Il me dit qu’il peut m’aider à avoir mon visa de résidence. La suédoise me propose une collaboration avec ses produits dans ma boutique… etc., etc… C’est vrai que ce sont vraiment de belles personnes dans les énergies que j’aime et qui me correspondent.

Rien n’est fait mais tout s’aligne tout seul. Sauf que je pensais que ça serait au Sri Lanka que ça se passerait. J’en suis à une heure d’avion, me direz-vous. C’est vrai mais il y a quelque chose qui me manque de ce pays ici. Le bouddhisme. Les moines partout. Leur sourire. Les beaux contacts, la douceur de vivre… L’Inde n’est pas pareille.

Retour en arrière

Quand j’ai décidé d’aller vivre à Genève pour mes études, c’était parce que mon père y vivait. Il est mort quelques mois avant que je m’y installe. C’était en 1981.

Quand j’ai décidé d’aller vivre au Québec, c’était suite à un message de « l’univers » très clair qui me disait que c’était à Montréal que je devais venir vivre. J’ai suivi le courant, les signes, ai pris quelques décisions et me suis retrouvée au Québec avec mon visa de résidence un an après ce message. C’était en 1986.

De Montréal, je suis allée m’installer dans les Laurentides en 1994 pour ouvrir une nouvelle boutique et sortir de la ville. Le lieu s’est trouvé tout seul et j’ai suivi les signes. Trois-Rivières en 1998 pour rejoindre mon amoureux. Québec en 1999 pour le travail. Wendake, la réserve indienne, en 2003m invité par un ami à louer sa maison. J’y ai toujours ma résidence. J’avais pourtant toujours dit « jamais à Québec ! ». En 1998, le travail m’y a amenée puis une rencontre m’a amenée sur la réserve en 2003.

A chaque fois, c’est moi qui prends la décision finale, bien sûr, mais c’est comme si les lieux m’appelaient, m’attiraient, avaient de quoi à me faire vivre.

En 2014, je décide de recommencer à voyager. Je pensais juste passer 3-4 mois par an en Europe pour aller y animer mes stages. J’ai redécouvert le Sri Lanka l’hiver dernier où j’ai passé trois mois finalement bien occupés à toutes sortes de rencontres et d’activités alors que j’avais besoin de repos. C’est pour ça que j’ai décidé de venir passer un mois dans le Kerala, juste pour moi. C’est ce que je fais… et voilà que la vie me propose de nouvelles activités correspondant à mes rêves !

La vie m’amène à de nouveaux ports

Où est-ce que la vie m’amène ? Je sais que je suis en train de trouver un nouvel espace de vie mais avant de décider de m’y installer, j’ai vraiment besoin de sentir que c’est LÀ. Pour le moment, je ne le sens pas encore même si les signes et les gens m’ouvrent les portes. Je ne me sens pas encore tout à fait prête, ne serait-ce que la forme physique qui n’est pas encore tout à fait revenue. Mon corps est encore fatigué.

Je ne sais pas où je vais atterrir. Déjà l’hiver dernier, je n’avais pas vraiment envie de rentrer au Québec mais j’avais des choses à y faire. J’y ai passé des moments très durs en 2016. Le rouleau compresseur n’y est pas allé de main morte. J’ai compris et guéri bien des choses mais disons que je ne l’ai pas trouvé drôle. J’avais besoin de la douceur et de la chaleur du sud de l’Asie.

Cette année, je n’ai rien de prévu au Québec mais des invitations commencent à se manifester. Je suis honorée et touchée. Je pense que je vais avoir du plaisir à aller passer quelques mois au Québec, d’une autre façon, pour y faire d’autres choses, avec une nouvelle énergie. Je ne pense pas m’y réinstaller. Je vais probablement aller me départir de mes meubles, mettre quelques cartons chez un ami et repartir l’automne prochain. Ça semble assez clair. La boucle de mon temps au Québec semble se refermer après trente ans de vie dans ce beau pays. Trente ans de solitude cependant, de beaux moments mais beaucoup de moments durs aussi. Il est temps pour moi de passer à une vie plus agréable.

J’ai aussi besoin de me re-créer un cocon, un chez moi, me réinstaller, même si c’est pour six mois. C’est bien joli de vivre avec une valise dans une chambre mais ce n’est pas chez moi. J’aimerais avoir une jolie maison dans un lieu ouvert, paisible, heureux, où créer mes projets…

Si je regarde ma vie, j’ai l’impression que j’ai fini par choisir des lieux de vie qui semblaient m’avoir choisie avant même que je ne le sache. Que je n’ai pas vraiment choisi mais que j’ai plutôt accepté de vivre là. Que je devais être là.

Comme c’est quelque chose que je connais bien, j’attends donc de savoir où est mon prochain lieu de vie. Il va se manifester bientôt… 😉

Et vous ? Avez-vous eu l’impression de toujours vraiment choisir votre lieu de vie ? Je suis curieuse de connaître vos impressions.

Merci de laisser vos commentaires sous cet article, qu’il reste avec (plutôt que dans Facebook ou ailleurs).

De tout coeur, je vous envoie une brise tiède et douce du sud de l’Inde…

Avec Amour

Dominique

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2 thoughts on “Choisit-on son lieu de vie ?

  1. Mon lieu de vie Dominique !!
    Oui je savais que je quitterais la France !! Pour de nouveaux horizons .
    Le Canada pour apprendre l’Anglais .
    Un ami du sud de la France m’avait dit :
    Les Laurentides dans le futur sera l’endroit où vivre car les énergies y sont belles .
    Je suis arrivée à Toronto ,a ce moment là je ne savais même pas ou était le Québec.
    Aujourd’hui je vis dans les Laurentides( coïncidence ) : j’y suis bien .En vieillissant mon coeur voudrait retourner en France mais est ce parce que mon père a 84 ans que je voudrais me rapprocher, ou la France me manque .
    Quand je te vois en Inde je te trouve chanceuse .Parfois je voudrais juste avoir un sac à dos et fuir toutes ces responsabilités.
    Mes énergies se promènent partout hahaha .
    L’univers me fait prendre soin de mon chat et je ne la donnerai pas pour partir alors ..j’écoute je pose des questions et les énergies me guideront .
    Bien hâte de te revoir au printemps .??
    Catherine ?