Dans chaque relation qu’on vit, qu’elle soit amoureuse, familiale, amicale ou professionnelle, on apprend beaucoup sur soi en autant qu’on en soit conscient. Chaque rapprochement avec une autre personne provoque des reflets de soi-même en l’autre ou via l’autre (et réciproquement). L’autre devient inévitablement un déclencheur des blessures qu’on porte encore.
Au début d’une relation amoureuse, par exemple, tout semble merveilleux car on est attiré par l’autre. Les âmes se reconnaissent, les coeurs s’ouvrent, les corps se rapprochent et la chimie opère doucement vers une connexion voire même une fusion. Quand on est jeune, on atterrit rapidement dans la passion, l’attachement, la dépendance à l’autre, etc… Quand on est plus vieux, on sait plus à quoi s’attendre, on a du vécu 😉 On sait ce qu’on veut et qu’on ne veut plus. On s’apprivoise plus qu’on ne saute dans la relation.
Si tout est beau au début de la relation, on se rend vite compte cependant que certaines choses commencent à nous titiller, nous déranger, nous énerver voire même nous blesser. On est touché dans nos blessures et ont ré-agit.
Nos réactions nous appartiennent et l’autre n’en est que le déclencheur. Il est important de poser ce fait pour ne pas faire toutes sortes de reproches à l’autre mais plutôt lui exprimer en «je» ce qu’on ressent dans des situations désagréables (voir la communication non-violente).
Une rencontre
C’est ce qui m’est arrivé cet été, juste avant mon anniversaire. J’ai osé entrer en relation avec un monsieur après quinze ans de célibat. Laisser mon coeur s’ouvrir et accueillir les cadeaux mais aussi voir certaines blessures se rouvrir. Pas profondément car les années de thérapies en ont quand même enlevé pas mal de couches mais le fond n’était manifestement pas encore tout à fait guéri, ce à quoi je m’attendais un peu.
Je savais, en acceptant de m’ouvrir à une nouvelle relation, que j’allais réveiller certains fantômes existentiels endormis par les années de célibat choisi et parfaitement assumé. La vie à deux ne me manquait pas du tout mais j’avais envie d’ajouter une nouvelle étape de vie dans ce début de la soixantaine en accueillant un Monsieur dans ma vie.
Pendant plusieurs semaines, j’ai eu « le sourire collé dans la face », comme on dit au Québec. J’étais heureuse car je vivais notre relation moment par moment et sans attentes. La relation se développait tout doucement comme deux amis qui se font la cour, qui se découvrent, qui apprécient de plus en plus l’autre et ce qu’il est, simplement.
Relation à distance
Je suis ensuite partie pendant deux mois en Europe et la relation naissante que nous vivions à Québec est devenue une relation à distance. Cela a réveillé des patterns que j’avais, des blessures que je portais encore qui m’ont amenée à faire vivre certaines situations typiques à Monsieur, lesquelles ont été invariablement et instantanément déboutées par celui-ci.
Pas moyen de saboter la relation en trouvant toutes sortes d’excuses pour me débarrasser de Monsieur et, ainsi, pour me prouver à moi-même que je n’étais pas aimable (car telle est la raison pour laquelle on teste l’autre et on tente d’auto-saboter nos relations).
Au fur et à mesure de ces deux mois loin l’un de l’autre, j’ai passé à travers plusieurs patterns que j’avais encore et où je me suis vue aller de façon très évidente. Heureusement, j’ai de bons outils pour comprendre et guérir chaque étape. J’étais fière de mon chemin et des étapes dépassées durant ce voyage avec moi-même.
De retour au Québec, la relation avait tenu et nous avons été heureux de nous retrouver. Nous reprîmes nos rencontres. La relation prit une nouvelle tournure… et d’autres blessures sont venues se réveiller encore.
Les blessures de fond
J’ai alors réalisé que Monsieur me faisait vivre tout ce que mon père m’avait fait vivre depuis toute petite. Cette blessure de fond contenait en fait plusieurs blocages et croyances que je traînais depuis toute jeune sans comprendre pourquoi je n’attirais que des miettes d’Amour et d’Abondance depuis toujours :
- Mes parents se sont séparés quand j’avais deux ans suite à la «rencontre» de mon père avec sa secrétaire à notre retour d’Afrique (où je suis née). Ma mère a été trompée une première fois (puis avec son deuxième mari) et j’ai reproduit ce schéma avec quasi tous mes partenaires qui m’ont trompée.
- Mon père ne m’a ensuite pas donné de place dans sa vie : il s’est remarié avec sa secrétaire et a vécu dans une autre ville avec elle puis un, puis deux enfants. Je n’avais aucune place dans sa nouvelle vie.
- Il n’était pas libre de prendre soin de moi, de me donner une place puisqu’il avait une nouvelle famille et sa dame était assez possessive.
- Je ne voyais mon père que très rarement et n’avais pas de relation avec lui puisque nous nous rencontrions toujours dans sa famille lors des fêtes. Il en profitait pour discuter avec ses frères et sa mère. Je jouais dans la salle de jeux avec les cousin(e)s.
- Il était toujours indisponible quand je demandais à le voir. Je ne le connaissais pas, en fait.
- Il ne m’a jamais dit qu’il m’aime, qu’il se réjouit de me voir, que je lui manque, etc…
- Je n’ai donc eu que des miettes d’Amour de mon père.
- Je n’ai pas pu créer un lien de confiance avec mon père et, donc, je ne pouvais pas créer de lien de confiance avec un homme en relation.
- Il n’était pas engagé du tout dans une relation avec moi. Nous étions des étrangers.
- Mon père n’a pas payé de pension alimentaire dès le remariage de ma mère, laquelle devait jongler avec peu de moyens pour moi. Quand je lui ai demandé de l’aide financière pour mes études, il m’a répondu qu’il n’en avait pas les moyens alors qu’il était un haut fonctionnaire de la ville de Genève. Côté argent, je n’en ai toujours eu que «juste assez».
- Etc…
Ces situations m’ont fait croire et vivre toute ma vie comme si je n’avais pas le droit à une place entière dans la vie d’un homme qui aurait envie de s’engager dans une relation avec moi. C’est ainsi que tous mes partenaires «amoureux» m’ont fait vivre plusieurs de ces situations, voire toutes, et je n’ai reçu que des miettes d’amour.
Monsieur en était la parfaite représentation puisqu’il cumule, à lui tout seul, toutes ces situations (même s’il n’est pas en couple avec une autre dame). Le tableau de cette relation avec Monsieur était au maximum puisque toutes mes blessures et patterns étaient tous ensemble remis d’actualité. Au moins, mes ex n’en avaient que quelques-uns !
Avec lui, mes blessures ont été amenées à vif dans des moments pénibles qui m’ont obligée à regarder ce que je vivais, pourquoi je m’étais remise, encore une fois, dans une telle relation malgré 15 ans de célibat, de thérapies, de guérisons et de sagesse accumulés !
Il n’était pas question que je continue à me faire vivre ça. Je ne mérite pas de miettes d’Amour. Je mérite le gâteau entier, le crémage et la cerise dessus !
Quand on arrive à la fin d’une guérison de blessure émotionnelle, après avoir enlevé bien des couches pour arriver au fond, à sa cause originelle, le tableau de la situation devient énorme et tellement flagrant que c’en est parfois risible tellement c’est criant ! C’est ce que j’appelle « le test ultime ». On voit le(s) pattern(s) tellement clairement qu’on ne peut que passer définitivement à travers. On sait que c’est la dernière étape.
Revirement
Une des belles qualités de Monsieur, cependant, est de ne pas être susceptible tout en étant sensible. Il a un bon vécu avec des dames et connait bien leurs requêtes et récriminations.
Malgré mes doléances, il est toujours là et ne s’en fait pas avec. Il les entend et les prend en compte, comprend ce que je vis et me témoigne de la bienveillance tout en ne bougeant pas d’un pouce de sa position.
A moi donc de faire avec ou de m’en aller mais, le problème, c’est que je n’arrivais pas à me débarrasser de Monsieur !
Il ne me restait donc plus qu’à regarder pourquoi je me faisais vivre tout ça.
Ces derniers temps, j’en avais assez de me faire vivre des moments désagréables en lien avec ce que Monsieur pouvait m’offrir ou pas en termes de temps et d’espace. Il est pourtant là, à sa façon, et ne déroge pas que ce soit en présentiel, en ligne ou en énergie.
Pour lui, tout est placé et il n’en bouge pas mais, pour moi, tout flotte car je n’ai pas confiance en cette relation. Comment pourrais-je, avec ce que j’ai vécu avec mon père ?
La petite fille en moi se débattait avec certaines facettes de ce qu’il pouvait m’offrir qui ressemblaient tellement à ce que mon père m’a fait vivre et croire bien fermement. Comment faire confiance à un homme sans tomber dans les relents de dépendance, d’attachements désagréables, de besoins de me sentir aimée, appréciée, désirée et les attentes qu’il me les témoigne ?
Je ne savais plus comment sortir de cette mélasse jusqu’à hier soir.
La mise au point zéro et la prière
J’ai écrit beaucoup pour tenter de comprendre ce que je me faisais vivre ces derniers temps. Je me sentais mal et je ne voulais pas continuer à rester dans ces sentiments désagréables.
L’idée m’est alors venue de mettre cette relation au point zéro :
Je demande à ce que tout ce qui entrave le bonheur de cette relation
soit mis au point zéro et transmuté dans la Lumière d’Amour.
J’ai répété cette phrase plusieurs fois. J’ai senti l’énergie descendre à travers tout mon corps jusque dans la Terre et s’en aller. Toutes les cellules de mon corps se sont calmées et pacifiées tout doucement. Je me suis sentie allégée.
J’ai ensuite demandé à voir la situation d’une autre façon car je n’arrivais plus à la voir autrement et je sais qu’il y a toujours au moins deux façons de voir et interpréter une situation désagréable.
Je me suis couchée hier soir avec cette prière tout en me souvenant de cette phrase de Bouddha : « La seule chose qui fait souffrir, ce sont les attentes ». Facile à dire, de sortir des attentes et apprécier simplement le moment présent mais je ne suis pas encore un être pleinement éveillé ! 😉
La réponse
Ce matin, la réponse m’est venue toute seule :
Je veux voir et vivre notre relation
à partir de notre Amour
et non de nos blessures.
Mon coeur a «switché» instantanément. Je venais de comprendre où j’étais et pourquoi cela faisait mal : je n’étais pas dans l’Amour de moi-même et de l’autre mais dans mes blessures ravivées par le comportement de Monsieur, lesquelles m’avait ramenée dans des attentes.
Il est impossible de vivre une relation dans l’Amour et l’harmonie si on y est à partir de ses blessures, lesquelles se reflètent sur l’autre qui nous les renvoie comme un boomerang tant qu’on ne les a pas guéries.
Les relations sont les espaces les plus grandissants qui soient car il n’y a que là qu’on peut guérir tout ce qui s’y rapporte.
Gratitude
Tout au long du cheminement avec Monsieur, il m’arrive de lui dire « Merci d’être dans ma vie », « Tu es précieux pour moi ». Au début, c’était pour tous les moments de bonheur qu’il m’a fait vivre puis, avec les blessures ravivées, aussi pour les guérisons que je fais grâce à sa présence dans ma vie.
Surtout, je suis heureuse d’avoir écouté mon coeur, ma petite voix et tous les êtres qui me guident sur mon chemin d’avoir accepté d’accueillir Monsieur dans ma vie pour me permettre de guérir ces blessures profondes… et vivre de beaux moments avec lui !
Peu importe notre âge, on chemine toujours vers notre Bonheur et nous sommes seuls à pouvoir le créer. Merci à toutes les personnes qui nous reflètent qui nous sommes vraiment et nous permettent de grandir, de guérir et d’être toujours de plus en plus Heureux, que ce soit pour un jour, un mois ou pour la Vie.
De tout coeur,
Dominique
© Texte Dominique Jeanneret – Vous pouvez reproduire ce texte dans votre site ou blog non-commercial à condition de ne rien y changer, de laisser ces dernières lignes et le lien vers ce blog https://dominiquejeanneret.net par respect pour l’auteure, que vous le preniez en entier ou juste un bout. Merci !
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2 thoughts on “Choisir de vivre ses relations à partir de l’Amour et non de ses blessures”