En hommage à Danielle, qui nous a quittés, et à toutes les personnes qui souffrent actuellement d’une mal-a-dit et se posent la question « vivre ou mourir ?»
Juillet est mon mois pré-anniversaire. Chaque année, spontanément et sans rien prévoir trop d’avance, j’aime m’y faire des cadeaux que je ne me fais pas souvent, comme rendre visite et passer du temps avec des gens qui sont précieux pour moi et que je n’ai pas l’occasion de voir souvent. Quelques coups de fil suffisent pour que ma semaine soit remplie de belles rencontres.
La chaleur est lourde aujourd’hui. Une canicule humide sévit en Estrie et ailleurs au Québec. Heureusement, une brise souffle et rafraîchit l’atmosphère le matin et le soir. Je n’ai pas vu de pluie le jour depuis que je suis partie de Québec vendredi dernier. Même pas la nuit depuis quelques jours.
Je suis chez une amie qui a le cancer agressif à un stade avancé et travaille à sa guérison depuis plus de 18 mois maintenant. Elle ne peut plus marcher longtemps, elle qui adorait prendre de grandes marches dans la nature. Elle ne peut plus faire toutes ces choses qu’elle aimait, son corps la faisant souffrir et la freinant dans ses élans et mouvements.
Malgré cela, elle garde une sagesse, une bonté et un sourire qui semblent faire partie de son être profond et ne la quittent qu’à de rares moments de découragement. Je ne l’ai pas vue dans de grandes crises de déni, de colère ou de tristesse – les 3 premières étapes avant l’acceptation de la mort. Elle en a vécu bien sûr, surtout des moments de découragement, d’abattement, de perte de courage pour continuer à combattre tout en remerciant cependant sa maladie pour tout ce qu’elle a appris sur elle et la vie. Nier la maladie ne sert qu’à la faire évoluer. Travailler avec pour comprendre permet la guérison.
Ce que l’on réprime, s’imprime
Ce à quoi l’on résiste, persiste
Ce qui nous affecte, nous infecte
Ce que l’on fuit, nous poursuit
En revanche, heureusement,
Ce à quoi l’on fait face, s’efface
Ce que l’on visualise, se matérialise
Et ce que l’on bénit, nous ravit…
J’ai peine à croire que cette femme si douce, généreuse, dynamique et remplie d’amour pour son prochain puisse ainsi souffrir de cette maladie et peut-être même nous quitter alors qu’il y a tant de personnes méchantes qui continuent à vivre en santé sans considération pour leur prochain.
Choisir
Depuis sa naissance, et même avant, mon amie a toujours oscillé – inconsciemment pendant longtemps puis consciemment – entre la vie et la mort. N’ayant pas la croyance qu’elle avait le droit de vivre, d’avoir une place au soleil, d’être heureuse, elle ne pouvait prendre pied pleinement dans la Vie.
Quand elle a appris qu’elle avait un cancer, mon amie – thérapeute depuis plus de trente ans – a pris tous les moyens pour aider son corps à combattre la maladie. Chimiothérapie, médicaments, produits naturels, traitements énergétiques et psychothérapie, entre autres, ont fait partie de sa vie quotidienne de façon intensive. Elle a fait un nettoyage hallucinant des traumas de cette vie-ci, de ses croyances, des impressions trans-générationnelles, de l’ADN, des vies passées, etc.
Malgré des années de cheminement, une croyance remontait toujours à la surface, celle de ne pas avoir droit de prendre sa place pleinement sur terre. À la Vie, au Bonheur, à être vue, à la reconnaissance, au succès, etc.
Bien au-delà du fait de croire qu’on a droit à la Vie et au Bonheur ou pas, nous avons notre total libre arbitre. Nous oublions parfois ce pouvoir intrinsèque que nous avons, qui provient du plus profond de nous-même, là où le cœur ne se trompe jamais, où l’Amour est plus fort que tout, cet Amour qui est aussi notre force de Vie.
Nous avons oublié ce pouvoir car nous l’avons souvent donné aux autres, attendant leur approbation, leur jugement positif, pour être aimés, pensons-nous. Nous ne sommes pas vraiment nous-mêmes, dans le fond, alors…! Nous ne l’avons parfois pas reçu des autres, ce pouvoir d’Amour, dès notre conception ou parfois même avant, mais nous l’avons, et l’aurons toujours, en nous. Il fait partie de nos gènes. Il est imprimé dans nos cellules. Nous l’avons juste oublié ou caché, par fausses croyances, par peurs…
Pour vivre et être heureux, nous avons une décision de fond à prendre, celle qui n’appartient qu’à nous, que personne ne peut prendre pour nous et que la Vie nous a toujours laissé le choix de prendre : vivre ou mourir.
C’est à cette question de fond que mon amie a dû répondre pour finalement freiner l’avancement de la maladie dans son corps et, espérons-le, inverser le processus et retrouver la santé totale.
Recevoir
Il y a une autre décision à prendre pour aider à la guérison : accepter de recevoir. Comme mon amie a besoin d’aide puisqu’elle ne peut plus tout faire seule, elle n’a pas eu le choix que d’accepter de l’aide mais, surtout, elle a accepté de recevoir avec son cœur plutôt que de se laisser son orgueil et son ego refuser l’aide – ou mal l’accueillir – par fierté mal placée.
Mon amie reçoit, apprécie et remercie pour chaque petit geste que ses amis et son conjoint lui offrent. Son sourire rempli de bonté et de tendresse est souvent le plus beau des témoignages de gratitude qu’elle peut nous faire.
On voit de plus en plus de «miracles» se produire, même à des stades avancés de maladie. Les guérisons se produisent presque instantanément quand on a pris LA décision de Vivre, qu’on soit malade physiquement ou psychiquement, avec un cancer ou dans une dépression.
La question de fond est toujours la même : «Est-ce que je veux vivre ou mourir ?».
Mon amie a choisi de Vivre.
Depuis deux semaines, son corps va mieux. La couleur de sa peau s’illumine à nouveau. Ses yeux reprennent vie. Elle dort beaucoup moins, marche mieux, a moins mal et parle des projets à venir.
Dans son voyage à frôler la mort, mon amie nous fait tous réfléchir à notre choix de Vie. Elle nous ramène à notre propre décision de vivre ou de mourir et c’est un cadeau des plus précieux qu’elle nous offre.
Nous, ses amis, espérons aujourd’hui de plus profond de notre cœur que le «miracle» vient de se produire et que mon amie va rester avec nous – et en santé – pendant encore au moins quelques décennies !
Chaleureusement
Dominique Jeanneret, 2013
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