5 préceptes tout simples pour une vie heureuse

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Après une semaine à Colombo, la capitale, retour à la maison avant-hier, au chant des oiseaux, aux rires des enfants dans la rue, aux balais qui nettoient la terre, aux femmes qui se saluent en passant ou s’appellent d’une maison à l’autre, aux singes qui sautent d’une branche à l’autre, aux sourires et aux « hello » que j’échange avec les villageois quand je marche dans les rues…

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La cour arrière de la maison où j’habite

Contrairement à Colombo, ici, j’ai des moustiques, des mouches, pas d’eau chaude et une chambre que je partage dans une maison dont la propreté est loin en-dessous des standards de chez nous. Je fais ma lessive à la main dans un bac d’eau froide dehors mais il y a tellement plus de richesses de coeur, de calme et de douceur au village qu’en ville… que j’ai envie d’inviter mon amie de Colombo à venir passer quelques jours ici.

Elle m’a appelée après mon retour : elle s’ennuie, seule dans la grande ville. Nous avons passé une semaine ensemble bien agréable et c’est un peu un choc pour elle de se retrouver seule. Mon amie a 75 ans. Srilankaise, elle a vécu 20 ans à Los Angeles avec son mari et ses enfants avant de revenir au pays il y a quatre ans, les laissant là-bas et recommençant une nouvelle vie dans son premier chez elle, à 71 ans.

Peu importe à quel bout du monde nous sommes, peu importe d’où nous provenons, notre couleur, notre culture, nos croyances, nous vivons les mêmes soucis, les mêmes problèmes, nous avons les mêmes questions existentielles. Nous avons tous un coeur, une âme, une conscience et vivons tous – ou presque – avec le même désir, celui d’être heureux. C’est aussi le fondement de la philosophie bouddhiste.

Une éducation basée sur le respect

J’observe comment les femmes se comportent avec les enfants, par exemple. Les petits srilankais agissent de la même façon que les blancs, poussant et testant les limites de chacun, exigeant avec caprices et coups de gueule parfois, tout en respectant néanmoins une hiérarchie établie depuis des siècles et qui est encore bien présente, hiérarchie qui impose le respect entre tous les êtres humains et, notamment, des enfants envers les parent considérés comme leur guide.

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Kalani, 10 ans, agenouillée devant sa mère pour le rituel avant d’aller à l’école.

Avant d’aller à l’école, chaque matin, Kanali (10 ans) et Sewmini (15 ans) s’agenouillent devant leur mère, touchent ses pieds et mettent ensuite leurs mains en prière en prononçant une formule consacrée en guise de respect et en gratitude pour tout ce qu’elle leur apporte. Si le père était présent – il travaille au Qatar -, elles le feraient aussi pour lui.

Kalani vient ensuite vers moi et se baisse rapidement, tête penchée en avant et les mains en prière, pour me dire au-revoir. C’est toujours un moment qui me surprend et me touche beaucoup car je ne m’y attends jamais.

Même si je ne comprends rien à la langue cinghalaise, il y a cependant une chose que je peux voir, à vivre dans une famille villageoise, et qui m’a été confirmée, c’est le respect des jeunes envers les parents. Pas question qu’un ado envoie promener ses parents irrespectueusement. Pas de gros mots envers les aînés ni même entre eux. Pas de gestes irrévérencieux. Alors que, pour beaucoup de choses, l’élastique éducationnel est pas mal long et la tolérance douce, pour d’autres, l’autorité est très stricte et doit être parfaitement respectée. C’est la base de la philosophie avec laquelle vit la société srilankaise, majoritairement bouddhiste.

Ce que j’observe plutôt, c’est un grand respect et de l’entraide, de l’amour, surtout. Même si les gens sont pauvres financièrement, il est une chose dont ils sont beaucoup plus riches que bien des gens de chez nous : l’amour. Ils savent s’aimer, à leur façon, avec tendresse et présence. Ils se tiennent les coudes, s’entraident, se visitent, se chicanent même parfois, le temps de quelques coups de gueule, et puis on passe à autre chose.

atempause-karlsruhe-kusala-theroKusala Thero, mon ami moine au village,  m’a parlé de son enfance, dans son village, avant qu’il ne décide de devenir moine à l’âge de 7 ans. Ils étaient six enfants qui dormaient tous dans la pièce principale de leur maison, qui en contenait deux : celle où ils vivaient et dormaient et la chambres des parents. Ils étaient très pauvres financièrement mais ils ont su transmettre à leurs enfants le meilleur, l’amour, la bonté et le lien fort et soudé entre chaque membre de la famille. Ce que je n’ai pas connu et nombre d’occidentaux aussi…

Le coeur de l’être humain n’a pas de couleur

La vie des Srilankais n’est pas vraiment si différente de chez nous, en fait. Ce sont des humains avec leurs croyances, leur philosophie, leur éducation, leur réactions psychologiques et physiologiques. Alors que certaines règles sont bien établies et diffèrent des nôtres, des règles éducationnelles, leur psychologie est pas mal semblable à la nôtre. Nous sommes des êtres humains avant tout !

sri-sumedha-sunday-school-22C’est là qu’on voit, quand des règles sont encore bien établies et ancrées dans une société, comment celle-ci fonctionne. Kusala Thero m’a expliqué que, il y a une vingtaine d’années, le village était reconnu comme un des plus difficiles et avec la pire réputation à travers le Sri Lanka en matière de meurtres, vols, viols, etc.

C’est alors que son maître et lui ont décidé de faire en sorte de faire en sorte de partager les principes bouddhistes et d’éduquer la société par la base, soit par les enfants, en faisant revivre la Dhamma School, l’école du dimanche où les préceptes et enseignements bouddhistes de vie sont partagés. Au départ composée de 75 étudiants, elle en compte aujourd’hui plus de 600.

Le village est aujourd’hui tranquille et il n’y a plus eu de meurtre ou de violence depuis plusieurs années, m’a assuré Kusala Thero. Les préceptes de vie sont appliqués et la délinquance n’a plus sa place. C’est un travail de longue haleine mais qui apporte aujourd’hui ses cadeaux. La communauté est solide, soudée et bienveillante. C’est un endroit où il fait bon vivre et où on se sent en sécurité.

Dès l’âge de 4 ans, les enfants vont donc suivre les cours à la Dhamma School, habillés d’un joli uniforme blanc, et reçoivent des enseignements bouddhistes de vie.

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Les 5 premiers préceptes que doivent respecter tout pratiquant bouddhiste :
1. Je m’efforce d’observer le précepte de ne pas tuer.
2. Je m’efforce d’observer le précepte de ne pas prendre ce qui ne m’a pas été donné.
3. Je m’efforce d’observer le précepte de ne pas avoir une conduite sexuelle incorrecte et ne pas commettre d’adultère.
4. Je m’efforce d’observer le précepte de ne pas mentir.
5. Je m’efforce d’observer le précepte de ne pas consommer d’alcool ni de drogues qui conduisent à la négligence.

Viennent ensuite trois autres préceptes que les jeunes moines doivent appliquer :
Le 3e précepte devient alors :
3. Je m’efforce d’observer le précepte de ne pas avoir de rapports sexuels.
puis :
6. Je m’efforce d’observer le précepte de ne pas manger de midi à l’aube du prochain jour.
7. Je m’efforce d’observer le précepte de m’abstenir de danser, de chanter et de voir des spectacles;
8. Je m’efforce d’observer le précepte de m’abstenir de porter des ornements et de l’usage de parfums, maquillage et accessoires qui embellissent le corps.

Pour, finalement, recevoir ces deux derniers lors de leur première ordination.
9. Je m’efforce d’observer le précepte de m’abstenir de sièges et de lits hauts et confortables.
10. Je m’efforce d’observer le précepte de m’abstenir d’accepter or et argent.

Les jeunes moines étudient la méditation, les enseignements bouddhistes, le sanskrit, le pâli, l’anglais et leur langue d’origine pour, éventuellement, recevoir une deuxième ordination bien des années plus tard – ils peuvent la recevoir à partir de l’âge de 20 ans -, durant laquelle ils reçoivent un autre paquet de… 227 préceptes ! «C’est très difficile à suivre !», m’a assuré Baddiya Thero, un jeune moine dynamique et sympathique, bien connu au Sri Lanka pour sa verve et sa bonne humeur dans ses sermons, que j’ai rencontré la semaine passée.

Si on regarde les 5 premiers préceptes, ce n’est pas compliqué. Je vis avec depuis que je suis toute jeune. Par contre, je ne pourrais devenir nonne : j’aime trop manger, danser et chanter 😉

 

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