Retour au clan, retour à Soi

Vue de St-Pierre (bord de mer) depuis La Plaine des Cafres (1600 m. d’altitude)

Je suis à La Réunion depuis un mois (photos à la fin de l’article). J’y découvre chaque jour, notamment, la gentillesse des gens et une grande tolérance interraciale à voir le nombre de métissages entre les blancs, les noirs et les jaunes. C’est juste magnifique de voir ces personnes aux origines si lointaines toutes réunies sur cette île. D’où son nom, d’ailleurs, La Réunion. Indiens, européens, malgaches, africains et chinois s’y mélangent et s’y métissent depuis plusieurs siècles.

En résumé, on peut dire que l’île a été colonisée par les Français qui y ont importé des esclaves et des travailleurs d’Afrique et de Madagascar ainsi que de l’Inde et du nord du Sri Lanka, les Tamouls (hindous). La Réunion a aussi accueilli les Chinois qui s’y sont installés avec leurs petits commerces où on trouve de tout, les « boutik chinois » malheureusement de plus en plus largement détrônés par les géants commerciaux de la « métropole », la France.

Il n’est pas rare de voir, parmi les membres d’une même famille, des cheveux lisses, bouclés ou crépus, entre châtains et noirs, entourant des visages européens ou africains avec des yeux chinois, et des peaux de plusieurs couleurs.

L’unique cause de la souffrance

Depuis l’âge de cinq ans, au remariage de ma mère, je me suis sentie exclue de la famille, ayant alors imprimé dans mon inconscient que je n’en faisais plus partie, que je n’y avais plus ma place. De même, à l’école, j’étais toujours toute seule. J’avais de grandes difficultés à créer des liens avec les autres enfants.

Au fil des ans, j’ai compris que je devais éviter tout lien d’attachement avec qui que ce soit pour éviter de souffrir. Je ne m’attachais plus à personne. Les rares fois où mon coeur a dépassé ma raison et où j’ai osé m’attacher, l’élastique du lien m’a sauté à la figure et a déchiré mon coeur. A chaque fois, je me disais « Je ne veux plus jamais laisser mon coeur souffrir ainsi. Ça fait trop mal ».

Pour remédier à cette « tare », je me suis mise à consulter des thérapeutes dès ma jeune vingtaine, après être tombée en dépression à l’âge de 18 ans puis avoir été trompée et laissée par mon premier amoureux, l’amour de ma vie, alors que j’avais 22 ans. Quatre ans plus tard, j’immigrais au Québec où je vis toujours.

Je voulais comprendre pourquoi je me faisais vivre ces souffrances si profondes. Le premier livre qui est alors arrivé dans ma vie a été « Ces femmes qui aiment trop« . J’ai vite compris ma dépendance affective due à mon manque d’amour, de lien avec mes parents et mes proches. J’ai alors travaillé durant des années sur cet enjeu profond qui m’empêchait d’être heureuse en relations, même amicales, puisque je n’osais plus m’attacher à personne.

Bouddha a dit :
« La seule cause de la souffrance est l’attachement« .

C’est vrai si on regarde toutes les raisons pour lesquelles on souffre.

Faire partie d’une famille d’âmes

De même, je n’ai plus jamais senti que je pouvais faire partie intégrante, acceptée et appréciée, d’un groupe que ce soit amical, travail, famille, etc… Au fond de moi, je me sentais bannie et seule et je ne comprenais pas pourquoi. J’avais vu, en régressions dans les vies passées, plusieurs vies où j’ai été bannie et les raisons de ce bannissement. Cela me permettait de comprendre mais pas de déconnecter/guérir les causes.

Au fond de moi aussi, une colère sourdait depuis toute jeune sans savoir comment m’en débarrasser, créant, du coup, des relations difficiles avec quasi tout le monde puisque cette colère faisait énergétiquement partie intégrante de la plupart de mes propos. Même si je n’étais absolument pas fâchée, l’énergie contenue dans mes expressions amenait souvent mes interlocuteurs à se sentir agressés voire blessés. Je ne savais plus comment leur parler.

Je me suis alors tue longtemps et j’ai fait du cheminement thérapeutique. J’ai beaucoup souffert, toute ma vie durant, de cette situation qui s’est finalement déconnectée l’été passé, un peu comme par miracle sans que je comprenne exactement ce qui se passe. Un jour, j’ai senti que ma colère avait complètement disparu. Depuis, ma vie est tellement plus douce…

Certains diraient ici que j’avais un karma à payer. Je sais aujourd’hui que j’ai terminé de le payer. Je vois chaque jour de ma vie se créer maintenant avec plus de bonheur et de paix. J’apprivoise cette douceur de vivre et toutes les belles personnes qui en font partie de près et de loin avec une infinie gratitude.

Retour au clan

L’histoire de ce cheminement est longue mais, en résumé, en mars dernier, j’ai été invitée à faire partie d’un groupe de belles femmes de coeur et de conscience. Le miroir du vécu de chacune nous a toutes permises de guérir de gros enjeux et c’est grâce à elles que ma colère s’est finalement complètement déconnectée, laissant alors place enfin à une vie plus douce et des liens relationnels beaucoup plus agréables. J’ai aussi beaucoup appris avec elles à refaire confiance à des femmes, à un groupe, au soutien possible, au fait que je n’étais plus un électron libre dans l’univers mais que je pouvais faire partie d’un groupe avec confiance.

En juillet dernier, lors d’un « gathering » amérindien (un week-end de groupe où on a reçu des enseignements), la « grand-mère » amérindienne qui enseignait m’a adoptée dans sa tribu. J’ai beaucoup pleuré quand j’ai senti son accueil si chaleureux dans sa « famille ». Après plusieurs vies de bannissement, j’ai réintégré le clan.

Les mois qui ont suivi ont confirmé encore plus les belles guérisons que j’ai faites concernant les liens humains et relationnels, ma capacité à en avoir de vrais, profonds et durables, de plus en plus, et sans souffrance. Gratitude infinie pour tout le chemin parcouru. J’ose m’attacher – mais pas être dépendante ! – à nouveau à des gens que j’aime, sans danger d’être rejetée ou trompée. Faire confiance en ces liens me remplit le coeur d’amour et de paix.

Changement de cap

Alors que j’avais préparé mon hiver entre l’Inde et le Sri Lanka (tous les billets d’avion étaient déjà achetés), je me suis levée un matin de l’automne dernier avec le feeling que je ne devais pas y aller. C’était un séjour en solitaire dans des endroits connus et je n’en avais pas envie.

Mon coeur était plutôt attiré à découvrir une autre partie du monde, notamment La Réunion où j’avais fait une belle rencontre amicale via Internet. Quand j’ai parlé, ce matin-là, à cette amie du fait que je ne sentais plus d’aller en Inde, elle m’a juste dit « Ben viens ici !!! ».

Le temps de faire une recherche de billet d’avion, j’en ai trouvé un beaucoup moins cher que normal. Un autre signe que ma prochaine destination après l’Europe ne serait pas l’Inde mais La Réunion que je ne connaissais pas encore.

Arrivée sur l’île, le 22 novembre 2017, mon amie m’attendait avec bouteilles d’eau et climatisation dans l’auto. Il faisait plus de 30oC. De l’aéroport à la Plaine des Cafres, où elle habite, on passe de 0 à 1400 mètres d’altitude et environ 10-12oC de moins. On est bien ici !

Sur le chemin entre l’aéroport et la maison, j’ai découvert une nature magnifique et des décors presque connus : la flore, la façon dont les routes, les chemins et les maisons sont construits ainsi que les petits magasins et restaurants installés le long des routes en lacets m’ont ramenée… au Sri Lanka ! Les seules choses qui ne sont pas au Sri Lanka sont les géants magasins qui abîment le décor enchanteur de cette île de l’océan indien.

Anecdote

Traduction : La Dodo, elle est à nous

La bière réunionnaise s’appelle la Dodo. Comme l’oiseau, le Dodo. C’est aussi mon surnom en Europe.

Le fait de « me » retrouver sur les murs des bars et des épiceries de quartier me fait chaud au coeur chaque fois. Une bizarre impression d’appartenance, surtout quand le panneau dit « La Dodo, lé a Nou »… 😉

Joyeux Noël en famille

Après une réunion dans la famille de mon amie après mon arrivée, j’ai été invitée à participer à la fête de Noël de deux familles réunies, celle de mon amie et celle de la belle-famille de son neveu. Des gens charmants, aimants et très accueillants.

J’ai hésité à y participer. Noël est à la fois une fête que j’aime mais elle est aussi remplie des souvenirs d’enfance de chaque veillée que maman préparait avec soin et amour qui se terminait invariablement par des engueulades et des coups du beau-père sur maman.

Arrivée au Québec en 1986, sans famille, j’ai accepté deux ou trois fois l’invitation d’amis qui ne voulaient pas me laisser seule à cette fête. J’ai terminé chaque fois dans un coin du salon à observer tous les membres de la famille se faire des cadeaux et des bisous. Je me sentais bien plus seule ainsi que seule chez moi. Je me suis jurée que je n’y retournerais plus. J’ai même apprécié être en Inde ou au Sri Lanka, ces derniers hivers, car les hindous et les bouddhistes ne fêtent pas Noël.

Cette année, j’ai finalement accepté l’invitation de cette famille si gentille. Je me suis dis que cela faisait longtemps que je n’avais pas fêté avec du monde, que je ne serais pas seule, que je serais avec mon amie, etc. Nous avons mangé et le Père Noël est ensuite arrivé chargé de dizaines de cadeaux. On m’avait dit que c’était juste pour les enfants. En fait, il y avait des cadeaux pour tout le monde. Plein de cadeaux. Tout le monde s’est regroupé avec effervescence et rires autour du Père Noël. Une personne a commencé à nommer les noms écrits sur les étiquettes des paquets et la distribution a commencé.

Au bout de quelques minutes, je suis allée au salon, seule, pour respirer profondément afin d’éviter de tomber dans la victimite, cette souffrance bien connue de ce moment où la solitude vous saute à la figure. Je savais qu’il n’y aurait pas de cadeau pour moi et je n’arrivais pas à prendre part au bonheur de ceux qui en recevraient. C’était plus fort que moi. Je ne fais pas partie de cette famille et c’était normal qu’il n’y en ait pas pour moi.

Un homme jouait au piano à côté de moi. Nous étions deux à nous réfugier là. Les douces notes de musique ont allégé ma peine.

J’avais dû m’endormir un peu quand j’ai eu l’impression que quelqu’un appelait mon nom pour me donner un cadeau. Comme je n’allais pas le chercher, j’ai entendu la voix dire à l’amie qui m’avait invitée de me prendre le cadeau pour me le donner plus tard. Puis plus rien. Je suis retournée à mes songes quand j’ai senti un doigt me tapoter le genou. J’ai ouvert les yeux. Sasha était devant moi, petit bonhomme de cinq ans, qui m’a regardée dans les yeux et m’a dit « Il y a un cadeau pour toi. Ils ont appelé ton nom ». J’ai dit merci avec un sourire pour le petit bonhomme. J’étais très surprise. Sasha est parti et j’ai refermé les yeux. Je n’allais pas aller quémander un cadeau. Des fois que tout ça n’était qu’un rêve. S’il y en avait vraiment un pour moi, quelqu’un me le donnerait un moment donné…

Même si ça n’a été qu’en rêve, ils avaient pensé à moi. Je n’avais pas été laissée de côté.

Aujourd’hui, je me sens réunifiée. À moi, d’abord, et aux autres, à toutes les belles personnes qui m’entourent. J’ai une gratitude infinie pour tout le chemin parcouru toutes ces années, pour les guérisons et les cadeaux.

J’ai la profonde conviction aujourd’hui, et de plus en plus, que ma vie sera dorénavant des plus agréables et heureuses et que tout ira bien.

Je vous en souhaite autant et même mieux !

Joyeuses fêtes !

De tout coeur

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Dominique

© Dominique Jeanneret, toute reproduction de ce texte, en tout ou partie, permise à condition de ne rien y changer et d’ajouter ma signature ainsi que ces lignes et un lien vers www.dominiquejeanneret.net. Merci pour votre collaboration.

Marché couvert au Tampon
Tracteur tirant un chargement de cannes à sucre. Menu de restaurant. Autoroute le long de la mer. Bord de mer, danger : requins…
Vue de St-Pierre depuis la Plaine des Cafres. Cultures de tomates et salade à côté de la maison. Les cultures sont toutes dans des pentes
Marché de St-Paul
Bord de mer, falaises en basalte, la pierre formée de lave du volcan

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